Réinventant la tradition des marionnettes foraines qui offraient des visions personnelles et iconoclastes des chefs-d 'oeuvre de la littérature et du théâtre, Coup de Théâtre Cie revisite la pièce de Molière pour en offrir une vision décapante  à l'humour noir.

Notre seule véritable infidélité au texte de Molière réside dans le titre : car il est malade notre malade, très malade. On le serait à moins à force de diagnostics incompétents, de purgations, de saignées, de traitements prescrits et administrés par les Diafoirus, Purgon et autre Fleurant. Il est même à la dernière extrémité le pauvre Argan et lui seul, lui que personne n'écoute vraiment, lui seul le sait.

Autour de lui, le manège des égoïsmes : chacun ne pense qu,à soi... argent, pouvoir, mensonges, petites amours... et aussi cet incroyable acharnement thérapeutique qui fait froid dans le dos ! La comédie de Molière est cynique, cruelle, caustique. Drames intimes, déchirements domestiques, ridicules quotidiens sont vus à travers le prisme d'une monstrueuse parade.

                                                                                               Rejetant tout réalisme, refusant les chapeaux pointus et les seringues à clystères d'un 17ème siècle qui ne serait que convention, nous avons résolument choisi une esthétique expressionniste. L'aspect des marionnettes, la nature même de certains de leurs éléments constitutifs : oreillers, bouillotte... sont liés à une perception du monde extrêmement rétrécie par la maladie. Chaque personnage semble provenir, du lit, des accessoires de soin, de l 'univers médicalisé qui entoure Argan.

L'univers sonore, du bruitage hyperréaliste, aux sons les plus étranges, renforce encore la crédibilité de cet univers qui passe, tour à tour, du grotesque à l 'oppressant. La stylisation très expressive des marionnettes de Françoise Giaroli achève de donner toute sa démesure à cette danse macabre.